Un autre habitat pour les personnes dépendantes
L’EHPAD tant redouté
Les Français veulent vivre leurs vieux jours à domicile.
L’EHPAD est redouté par les familles et les personnes âgées. Pourtant, quand la dépendance lourde s’installe, l’organisation à domicile montre ses limites : coût de la présence de nuit, lourdeur de la coordination médico-sociale, fatigue de l’aidant, ce qui pousse à faire le choix de l’EHPAD.
Ce qui était redouté devient alors un soulagement douloureux pour la famille et un déracinement angoissant pour la personne dépendante.
Peut-on faire autrement ? La question est abordée soit sous l’angle du financement : il n’y en aurait pas assez pour faire un travail correct dans les EHPADs, soit sous l’angle de l’organisation : on juge alors les avantages et inconvénients des structures privées versus publiques.
Changer complètement le modèle
Rarement la question se pose de changer complétement le modèle car les solutions qui émergent du terrain sont encore à l’échelle artisanale et n’ont pas le caractère industriel nécessaire pour faire face à la vague de dépendance qui arrive.
Compte tenu des contraintes financières publiques, quelles que soient les modalités organisationnelles de la gestion des fonds nécessaires à la prise en charge de la dépendance, et surtout compte tenu de l’aspiration des Français, la seule question qui compte vraiment est : peut-on faire mieux et moins cher ? Mieux pour les personnes âgées et moins cher pour la collectivité. Aussi surprenant que cela puisse paraître la réponse est OUI.
La mutualisation des services dans des habitats où les gens sont réellement chez eux, soit dans une petite maison, soit dans un appartement dédié à la grande dépendance, permet de concilier l’avantage du domicile et l’optimisation des coûts.
Les services médicaux sont ceux du domicile : infirmiers libéraux, kinésithérapeutes, médecin généraliste du quartier, et maintenant téléconsultations pour renforcer la fluidité de la présence médicale. Les services d’aide à domicile sont évalués pour la personne et non pour un établissement et surtout on doit avoir le souci de recréer de la vie sociale, ce qui nécessite de petites unités de vie où les équipes peuvent créer du lien au moment où la fragilité corporelle et psychologique est intense.
Cette nouvelle organisation suppose une révolution mentale dans l’appréhension de la dépendance : on s’adresse aux personnes y compris en couple et non à leur niveau de dépendance. Le niveau de dépendance (GIR) n’est plus le critère de l’habitat mais la personne elle-même. Cette perspective ouvre de nouvelles possibilités d’accueil et d’accompagnement.
Pour que cette nouvelle organisation passe à l’échelle industrielle
Pour qu’une telle organisation passe de l’artisanat à l’industrie, ce qui est absolument nécessaire, le modèle économique de ces habitats doit être rentable. Il l’est si toute l’organisation est optimisée, ce qui nécessite un savoir-faire très qualitatif. L’argent est disponible pour investir dans ces nouvelles formes d’habitat, des véhicules financiers dédiés existent, mais l’innovation sociale est lente à convaincre de ses bienfaits. Enfin, il faut aussi une prise de conscience collective, gageons que les derniers évènements sur les EHPAD y contribueront.
Arnaud Maigre
Directeur général des Babadines
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