Bientraitance et personnes âgées

Le thème de maltraitance a fait beaucoup parler de lui, et il mérite qu’on y revienne pour mieux comprendre.

Il y a deux formes de « traiter » mal : les abus de faiblesse – intentionnels et les actions inappropriées par rapport aux besoins (dont aides et soins) – non intentionnelles ; les deux formes sont souvent intriquées. 

Bientraitance et maltraitance en 8 points

  1. La victime est une personne en situation de vulnérabilité mentale. Isolement, recherche d’affection, dépression, agressivité augmentent le risque.
  2. L’auteur de maltraitance peut être un individu (un proche, un professionnel, un intrus) ou une structure (institution, organisation).
  3. On décèle la maltraitance en y pensant devant toute modification comportementale, de l’humeur, de l’entourage – et pour les soins inappropriés en faisant son métier de médecin.
  4. Le médecin témoin de maltraitance ne doit pas rester seul, ni rompre le lien avec la personne âgée. Il doit en discuter avec les autres intervenants non impliqués, demander conseil à l’Ordre des médecins, à une Helpline (39 77), faire son métier devant un soin inapproprié.
  5. Le secret médical est destiné à protéger le malade et le médecin. Il permet de partager les informations nécessaires et elles seules avec les intervenants aussi tenus au secret. Une loi récente a libéralisé ce partage et insisté sur l’obligation de protéger la personne âgée maltraitée.
  6. Peut-on agir sans le consentement ? C’est le dilemme éthique devant une victime incapable de donner un consentement, devant une personne sous l’emprise de l’auteur. Aujourd’hui, la loi permet de se passer du consentement en cas d’ « emprise ».
  7. La prévention de la maltraitance consiste à connaître son métier et ses limites, savoir travailler collégialement en équipe, savoir demander un avis ou donner le sien, réfléchir au sens avant d’agir ou de ne rien faire, respecter la personne.
  8. La bientraitance est « Ce qui fait que devenir « dépendant » ne soit plus vécu comme une déchéance ».

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Réflexions sur la bientraitance

Depuis quelques années, la « bientraitance » est mise en avant.

La bientraitance n’est pas le contraire de la maltraitance.

Le terme bien-traitance a été créé par les pédopsychologues (D. Rapaport) pour bien faire comprendre aux équipes des crèches que, pour que la personne dépendante et sans autonomie qu’est tout nourrisson soit « bien-traitée », il ne suffisait pas qu’il soit nourri, hydraté, lavé, pansé, langé mais qu’il s’agit d’une personne qui a besoin de vie, de centres d’intérêt, d’affection, que chacun avait son individualité, sa personnalité.

Ce message s’applique parfaitement aux aînés ayant perdu leur indépendance (agir) et à l’autonomie (décider) parfois limitée.

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La bientraitance n’est donc pas l’application dure et pure d’une série de règles. « C’est ce qui reste à faire une fois que l’on a appliqué toutes les normes, règles et recommandations ».

C’est le respect de la personne dont on a la responsabilité, la réflexion sur le sens de ses actions ou inactions envers cette personne.

Ce sens de la prise en soin implique la conscience que certains gestes peuvent être mal ressentis ou mal-traitants.

Sous cette forme, c’est la meilleure prévention, même si cette définition montre que toutes les maltraitances ne peuvent pas être éliminées.

  • La bientraitance est une conduite du professionnel (directeur et médecin inclus).
  • La maltraitance est le résultat néfaste d’une action ou d’une inaction – le plus souvent involontaire – sur la victime.
  • L’abus de faiblesse est le profit (financier ou moral) tiré volontairement de la victime sur laquelle on exerce une emprise ou un pouvoir.

Docteur Michel Allard

Docteur Michel Allard est médecin retraité et chercheur indépendant.

Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la longévité.

Vous pouvez les commander à votre libraire habituel et les retrouver sur leslibraires.fr

Allard, M. (2019) Le bonheur n’a pas d’âge. Paris, France : Le Cherche Midi.

Allard, M. et Robine, J.-M. (2000). Les centenaires français, étude de la Fondation IPSEN 1990-2000. Paris, France : Serdi, coll. « Année gérontologique ».

Allard, M. et Thibert A. (1998). Longévité mode d’emploi. Paris, France : Le Cherche Midi.

Allard, M. (1995). Poèmes sur le temps qui passe, anthologie de la poésie française. Paris, France : Le Cherche Midi.

Allard, M., Lèbre, V; et Robine, J.-M. (1994). Les 120 de Jeanne Calment, doyenne de l’humanité. Paris, France : Le Cherche Midi, coll. « Documents ».

Allard, M. (1991). À la recherche du secret des centenaires. Paris, France : Le Cherche Midi.

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